Punaises - Rhyparochromidae

Description  Elles sont brunes et noires avec divers motifs plus pâles ou plus foncés, dans les mêmes tons. Les fémurs des pattes avant sont renflés et armés d'épines parfois très développées. La suture entre les segments IV et V de l'abdomen est incomplète et recourbée vers l'avant. Les punaises sont généralement difficiles à identifier et à observer car elles vivent au sol et se camouflent bien sur le sable ou la litière de leur habitat.
Slaterobius insignis
Slaterobius insignis
Nombres  24 genres et 36 espèces de Rhyparochromidae sont présents au Québec (Roch, 2024). Henry (2009) compte 372 genres et plus de 1850 espèces mondialement.
Habitat  Même si les espèces de cette famille vivent au sol, elles se retrouvent dans une très grande variété d'habitats. Par exemple, parmi les débris de la zone haute des plages, au sommet de montagnes dénudées, parmi des décombres dans les champs abandonnés, ou encore sur la litière de forêts matures.

Sweet a été frappé par le partage fréquent d'un même habitat et de la même nourriture par des espèces différentes de Rhyparochromidae.
Alimentation  Exclusivement de semences de divers végétaux (plantes herbacées, carex, arbres). Généralement consommées lorsqu'elles sont tombées au sol et plus rarement directement sur le fruit mûr. À cause de leurs fémurs avant, semblables à ceux de certains prédateurs, on a cru, à tort, qu'ils étaient zoophages.
Taille  Entre 1,8 et 9,5 mm.
Taxinomie  Jadis considérée comme une sous-famille des Lygaeidae.
Note  Sauf indications contraires, les renseignements contenus sur cette page web, notamment ceux à propos des cycles de vie, proviennent de la remarquable monographie de Sweet (1964) sur les Rhyparochromidae de la Nouvelle-Angleterre.

Quatre tribus et quelques espèces sont présentées ici. D'autres s'ajouteront éventuellement.
Myodochini
La tribu regroupe au Québec le plus grand nombre s'espèces de Rhyparochromidae. Elles sont rares en zones forestières, même si elles aiment un sol relativement humide. On ne les trouve pas, sauf peut-être alors qu'elles s'apprêtent à hiberner, sous le couvert des arbres en pleine forêt.
Slaterobius insignis
80% des populations observées par Sweet étaient brachyptères (ailes courtes). L'auteur n'a pas vu de lien entre la densité des populations et la longueur des ailes. La couleur noire ou marron s'observe en proportion à peu près égale alors que peu d'individus ont une couleur intermédiaire. Il n'y a pas de relation entre la couleur et la longueur des ailes ou le sexe des punaises. La couleur ne varie plus après la mue, lorsque la punaise a pris ses couleurs d'adulte.

Habitat
Slaterobius insignis habite les lieux secs, ouverts, à végétation courte et parsemés de touffes de graminées. On l'observe le long des voies ferrées ou sur le bord des routes. Ces endroits exposés au soleil peuvent atteindre des températures élevées, que l'insecte tolère. Il se retire souvent, au milieu de la journée, à la base des touffes de graminées alors qu'il circule sur le sol nu tôt le matin ou tard l'après-midi. À Terre-Neuve S. insignis a été observé sur des sols marécageux ouverts, parmi le carex et la sphaigne, en bordure de mer.

Reproduction
En Nouvelle-Angleterre, S. insignis est bivoltine. Une première génération se développe en mai et juin et la seconde, en juillet et août. Les oeufs qui hiberneront sont en forme de cylindre incurvé et déposés en août. La femelle, après un examen attentif des lieux, dépose dans le sol meuble un oeuf à la fois. Le sable et les débris collent à la surface de l'oeuf couvert d'une pilosité dense. En laboratoire, les femelles produisaient entre 180 et 350 oeufs. Ceux de la seconde génération ne peuvent éclore qu'après une exposition au froid de plusieurs mois.

Difformités
Péricart, dans le premier tome de sa trilogie sur les Lygaeidae (où les Rhyparochomidae sont considérés comme une sous-famille des Lygaeidae), décrit les anomalies observées chez certaines punaises. La photo à droite, en est un exemple. Voici le texte de Péricart: « Les représentants de cette famille, et spécialement les terricoles (Rhyparochrominae), sont très sujets à des aberrations tératologiques (Woodroffe 1953b, Costas et al.1992, et d'autres sources ; aussi d'innombrables observations de terrain par moi-même, non publiées) ; celles-ci affectent dans l'ordre de fréquence les antennes, les pattes, les hémélytres, plus rarement le pronotum et les méso- et métathorax. Pour les appendices on observe alors des oligoméries, le segment manquant étant suppléé par l'hyperdéveloppement d'un ou plusieurs des autres ; s'y ajoutent parfois des anomalies de pubescence. Ces accidents ont presque toujours pour sources des traumatismes durant la vie larvaire, comme il a été montré, pour les insectes en général, par Balazuc (1951). » Péricart, 1998A, page 29.
Slaterobius insignis
Lorsqu'elle recherche sa nourriture au sol, sa démarche affairée et sa silhouette lui donnent l'allure d'une fourmi. Ci-dessus, elle circule sur des végétaux courts plantés dans le sable.
Slaterobius insignis
L'antenne gauche de cette punaise est difforme. Elle comporte seulement deux articles plutôt que quatre. Le second article est anormalement long et large. Voir à gauche, la description de ces anomalies par Péricart.
Slaterobius insignis, nymphe stade IV Slaterobius insignis, nymphe stade V Slaterobius insignis
Nymphe de stade IV. Nymphe de stade V. Adulte brachyptère de couleur brun-noir.
Myodocha serripes
Le genre Myodocha est présent en Amérique centrale où plusieurs espèces y vivent. M. serripes est l'espèce la plus nordique et la seule observée au Québec. Toutes les espèces sont macroptères (ailes longues). M. serripes est bivoltine. La femelle dépose chaque oeuf isolément, dans le sol, dans une crevasse ou sous une roche. À cause de ses fémurs avant renflés et armés, l'espèce a déjà été associée aux réduves. Barber (1932) la croyait occasionnellement prédatrice mais Sweet a confirmé qu'elle était exclusivement phytophage.

Habitat
Sweet a constaté que M. serripes préfère les champs en friche, les jardins, les murets densément colonisés de végétaux bas (30 à 60 cm), comme l'Achillée millefeuille (Achillea millefolium), la Marguerite blanche (Leucanthemum vulgare), la Petite herbe à poux (Ambrosia artemisiifolia), les verges d'or (Solidago spp.), les patiences (Rumex spp.), les gaillets (Galium spp.), et plus particulièrement les millepertuis (Hypericum spp.) et les fraisiers (Fragaria spp.). L'auteur note également que M. serripes aime les environnements partiellement ombragés, aux sols de terre brune, friable, modérément humide, couverte d'une mince litière de tiges brisées. L'espèce tolère moins la chaleur que Slaterobius insignis, par exemple.
Myodocha serripes
Le très long cou distingue Myodocha serripes des autres Rhyparochromidae. Les fémurs avant renflés et armés sont des caractères de la famille.

Nourriture
M. serripes a une préférence pour les graines de millepertuis et de fraisiers. Elle ne dédaigne toutefois pas celles des achillées, Ancolie du Canada (Aquilegia canadensis), asters, érigérons, patiences, pissenlits (Taraxacum spp.) et potentilles (Potentilla spp.). Sweet l'a vue déplacer les minuscules graines de millepertuis au bout de son rostre rabattu sous le ventre ou de traîner à l'écart de plus grosses semences.

Migrations
Déjà, à la fin du XIXe siècle, Uhler avait observé un mouvement migratoire saisonnier de l'espèce. Sweet note qu'à la fin du mois d'août, bien avant les grands froids, les punaises qui deviennent adultes commencent à se déplacer des champs vers les lisières de forêts où elles hiberneront. Les insectes ont une
préférence pour une litière moyennement humide et de texture aérée, comme celle produite par un mélange de feuilles de Bouleaux flexibles (Betula lenta), d'Érables rouges (Acer rubrum) et de Chênes rouges (Quercus rubra). Par ailleurs, Sweet n'a pas trouvé de punaises hibernant dans une litière composée exclusivement de feuilles de chênes qui sont sèches et rigides. Les litières de conifères et de Bouleaux gris (B. populifolia), très compactes, ne sont pas recherchées comme site d'hibernation.

Contrairement à d'autres chercheurs, Sweet n'a pas observé M. serripes sous des bûches mais dans la litière les entourant. Il en a vu en groupes de deux ou trois et jusqu'à 25 dans une zone d'environ 10 cm carré. Les punaises étaient proches, sans être étroitement groupées.
Myodocha serripes Myodocha serripes
Grâce à sa couleur sombre et légèrement tachetée, M. serripes est parfaitement camouflée au sol, parmi les débris de la litière. Ci-dessus, deux individus hibernants observés respectivement en avril (à gauche) et en octobre (à droite). C'est l'adulte qui hiberne d'après Sweet alors que Blatchley (1926) croit que les nymphes ainsi que les adultes hibernent.
Un coléoptère semblable
Blatchley (1926) dit avoir souvent observé M. serripes sous des bûches, en compagnie d'un coléoptère qui lui ressemble étrangement (voir ici). En effet, Colliuris pensylvanica a la tête noire et lustrée, le cou allongé et les fémurs renflés. L'auteur se demande s'il ne s'agit pas d'évolution convergente de deux insectes qui ne sont pas apparentés mais qui partagent des environnements similaires.
Observation d'une colonie sur de l'Herbe à chat (Nepeta cataria).
Cultivée en pot pour le chat de la maison, la plante qui avait produit des graines a attiré plusieurs Myodocha serripes à divers stades de développement. Le pot était posé au sol sur du pavé. Les punaises adultes et nymphes au stade V ont été observées sur le plant, alors que les plus jeunes stades sont venus se nourrir sur une grappe de fruits coupée et posée au sol à leur intention.  Les rayures longitudinales de l'abdomen des nymphes sont inhabituelles chez les Rhyparochromidae.
Myodocha serripes nymphe stade I ou II Myodocha serripes nymphe stade III Myodocha serripes nymphe stade IV
Myodocha serripes nymphe stade I ou II. Stade III, fourreaux alaires non développés. Stade IV, apparition de courts fourreaux.
Myodocha serripes nymphe stade V Myodocha serripes accouplement
Stade V. Fourreaux alaires développés. Un accouplement au sol, près d'une grappe de fruits d'Herbe à chat.
Pseudocnemodus canadensis
Seule espèce appartenant à ce genre, sa répartition est néarctique et boréale. On l'observe parmi la végétation clairsemée de milieux secs, en bordure de forêts, par exemple.

L'éclosion des oeufs qui ont hiberné est étalée dans le temps. Par exemple, Sweet a observé des stades I du 24 mai au 10 juin, en présence, à la date tardive, de stades III et IV. Les punaises devenues adultes à la mi-juin produisent des oeufs qui formeront une seconde génération estivale alors que les oeufs produits après le 30 juin hiberneront pour produire la génération de l'année suivante. D'après Sweet, une femelle pond entre 79 et 280 oeufs (moyenne de 154). Elle les enfouit profondément dans la litière meuble et sèche. Les oeufs cylindriques sont protégés par divers débris qui adhèrent aux tubercules qui couvrent densément leur surface.
Pseudocnemodus canadensis Pseudocnemodus canadensis Pseudocnemodus canadensis accouplement
Sweet a observé, en captivité, une forte attirance de la punaise pour les graines de bleuets (Vaccinium sp.) et de gaylussaquiers (Gaylussacia sp.) tout en acceptant de se nourrir d'une vaste gamme de végétaux. L'espèce déplace sa nourriture pour la consommer à l'abri, sous la litière, mais ne la défend pas si on tente de la lui ravir. Les punaises observées ci-dessus colonisaient, en compagnie de Myodocha serripes, des plants de Millepertuis commun (Hypericum perforatum) dispersés le long d'une voie ferrée. Les mâles émettent une stridulation en frottant la rangée de tubercules de leurs fémurs avant sur les côtés de leur pronotum. Ce comportement, combiné avec des mouvements d'antennes, précède l'accouplement.
Perigenes constrictus
Blatchley (1926) et Sweet notent que dans la littérature, les chercheurs ont confondu P. constrictus et Zeridoneus costalis, présente au Québec. Harrington (1980) les distingue, entre autres, par les soies spiniformes noires sur les tibias des pattes avant qui sont absentes chez P. constrictus et présentes chez Z. costalis. Britton (1923) les distingue par la pilosité abondante de P. constrictus.

Habitat et nourriture
P. constrictus s'observe sur de la végétation de taille moyenne (entre 0,5 et 1 mètre) qui pousse sur des décombres, remblais, ordures, bords de route, etc. D'après Sweet, on trouve P. constrictus sur le Chénopode blanc (Chenopodium album), le Chiendent commun (Elymus repens), la Petite herbe à poux et la Vergerette du Canada (Erigeron canadensis). Le sol sablonneux est ombragé et comporte peu de litière. Elle se nourrit de graines de chiendent, d'herbe à poux, de marguerite, de rudbeckie, etc.

P. constrictus
n'est pas très vive et ne se réfugie pas sous des débris lorsqu'on la surprend. Elle compte probablement sur sa couleur foncée pour éviter les prédateurs. Sweet ne l'a pas observée plus de deux années consécutives sur le même site. L'espèce, toujours macroptère, se déplace aisément vers des sites qui lui conviennent mieux.

Reproduction
Les punaises hibernent au stade adulte mais les femelles qui résistent bien au froid peuvent déposer leurs oeufs très tard l'automne. L'espèce est bivoltine mais la première génération comporte peu d'individus. Les femelles observées par Sweet ont déposé en moyenne 268 oeufs à raison de 7 à 8,5 oeufs par jour. Les oeufs sont déposés individuellement et profondément dans un sol sec. Aucune matière ne colle aux oeufs. Le mâle produit une odeur particulière et très persistante qui serait reliée à la reproduction, d'après Sweet. En laboratoire, les contenants d'élevage gardaient encore l'odeur, quatre ans plus tard.
Perigenes constrictus
Perigenes constrictus
Ligyrocoris sp.
Quatre espèces sont présentes au Québec. L. sylvestris a une distribution holarctique; L. depictus s'observe du sud du Québec jusqu'en Caroline du Nord; L. diffusus est présent en Amérique du Nord, entre le 38ième et le 50ième parallèle; L. carisis a été découvert en Nouvelle-Angleterre au début des années 60. Sweet a observé une séparation claire des aires de développement de L. sylvestris et L. diffusus, dans les territoires que se partagent les deux espèces.

Sweet a observé L. depictus dans des environnements très secs colonisés par des Éricacées comme les airelles (Vaccinium sp.). L'espèce n'a pas de bande transversale foncée sur le dos et pas de soies hérissées sur le lobe frontal du pronotum. L. carisis vit dans des environnements humides et se nourrit de carex. Les deux espèces sont univoltines.
Ligyrocoris sylvestris
En Europe, Péricart (1998) note que l'espèce se retrouve dans divers habitats secs ou humides. Elle s'observe même en forêt, en l'absence d'une couverture herbacée au sol. En Nouvelle-Angleterre, Sweet a vu L. sylvestris dans des environnements frais, à humidité moyenne.

Les oeufs hibernent et, d'après les essais qu'a effectués Sweet en laboratoire, ils n'éclosent pas à moins d'être exposés au froid durant plusieurs mois (septembre à avril). D'après Péricart, les oeufs sont brun clair et en forme de concombre. Ils sont déposés individuellement parmi les détritus végétaux et la mousse.
Ligyrocoris sylvestris Ligyrocoris sylvestris
D'après Blatchley (1926), la large bande sombre sur le dos qui s'étend jusqu'à la marge de la corie (→ 1) et la tache blanche au bout de la membrane (→ 2) sont deux critères pour différencier l'espèce. Toutefois, pour Péricart (1998), la bande sombre ne se rend pas jusqu'à la corie. Comparez le peu de pilosité (→ 3) du pronotum avec celui de L. diffusus, ci-dessous (→ 4).
Ligyrocoris diffusus
L'adulte a généralement les ailes longues mais leur longueur est variable d'un individu à l'autre. Les nymphes de stades II à IV ont une bande blanche le long de la suture entre les segments III et IV de l'abdomen. Sweet observe que cette bande pâle leur donne une allure de fourmi.

L. diffusus est assez semblable à L. sylvestris. Dans sa clé des espèces du genre Ligyrocoris, Sweet (1963) les différencie, entre autres, par la présence chez L. diffusus, d'environ 25 soies érigées sur le lobe frontal du pronotum (→ 4) alors que L. sylvestris en compte moins de 10.

Habitat
Contrairement à beaucoup de Rhyparochromidae confinés au sol, L. diffusus grimpe sur les végétaux pour se nourrir des graines des plantes. On la trouve sur des sols secs à litière peu épaisse, dans les environnements ouverts récemment aménagés, les champs en friche, mais aussi les prés établis, dominés par des herbacées de la famille des Astéracées. Elle préfère la végétation clairsemée avec un bon ensoleillement au sol et elle tolère les températures élevées. Les potentilles, silènes, herbes à poux, patiences sont quelques plantes sur lesquelles elle a été observée. À droite, la punaise a été photographiée en compagnie de Perigenes constrictus. Sweet a observé et noté la fréquente cohabitation de différents Rhyparochromidae dans le même habitat.

Nourriture
En liberté, elle s'alimente d'une grande variété de graines. Sweet ne l'a jamais vue s'alimenter des fluides de plantes. Dans l'environnement très sec où vit la punaise, l'auteur croit que la rosée constitue un apport en eau important. En captivité, les graines de tournesol et de rudbeckie étaient ses préférées. Privée de graines ou d'eau, elle pouvait se nourrir de laitue mais ce régime interrompait la production d'oeufs. La punaise préférait consommer de l'eau plutôt que de la sève.
Ligyrocoris diffusus

Ligyrocoris diffusus
Défense de la nourriture
En captivité, Sweet a observé L. diffusus défendre sa nourriture. Il a affamé une punaise, lui a ensuite offert de la nourriture et l'a mis en présence d'un intrus également affamé. Dans un premier temps, la punaise s'interposait entre sa nourriture et l'intrus. Si cela ne suffisait pas à le repousser, elle le menaçait avec des mouvements d'antennes ou de coups de patte arrière. Puis encore, elle l'assaillait à coups de patte avant et d'antennes. Lorsque la punaise avait réussi à chasser l'intrus, elle pouvait revenir vers sa nourriture et, avec son rostre, en sondait la surface à la recherche de l'endroit où elle avait percé la graine pour y insérer de nouveau ses stylets et continuer à s'alimenter.

Reproduction
L'espèce a deux générations par année. Les oeufs, en forme de concombre, peuvent être pondus tard à l'automne (novembre). Ils sont déposés individuellement dans la litière, dans des tiges creuses ou dans le sable. La femelle les insère très profondément dans le sol sablonneux en enfonçant son abdomen sous la surface. Elle fait ensuite des mouvements pour déplacer le sable et couvrir son oeuf. Les débris adhèrent aux soies présentes à la surface des oeufs. Les éclosions printanières sont étalées dans le temps de sorte qu'on peut observer à un même moment des punaises à divers stades de croissance.
Ligyrocoris diffusus nymphe Ligyrocoris diffusus nymphe Ligyrocoris diffusus nymphe
Ci-dessus, quelques nymphes observées sur les fleurs d'astéracées cultivées dans un jardin. Divers stades étaient en présence au même moment; un stade V à gauche et des stades antérieurs, au centre et à droite. Les adultes apparus plus tard ont permis l'identification des nymphes.
Zeridoneus costalis
L'espèce est présente au nord des régions tempérées, sur des sites très variés, ensoleillés ou partiellement ombragés mais généralement ceux qui sont aux premières étapes de l'établissement de la végétation. Étant macroptère, elle peut se déplacer de site en site, à mesure que la végétation croissante lui est moins favorable. On l'observe au sol et occasionnellement en hauteur, sur des végétaux. Lorsqu'elle est découverte, elle ne se réfugie pas à l'abri mais s'enfuit rapidement, grâce à ses longues pattes.

Deux générations sont produites par été, l'hibernation étant sous forme d'oeuf. Avant l'accouplement, le mâle effectue auprès de la femelle réceptive divers mouvements saccadés du corps et des vibrations de ses antennes.

La femelle pond ses oeufs isolément, dans divers lieux naturels protégés comme une cavité, une tige creuse, une semence séchée au sol, etc. Parfois aussi elle pond directement dans le sol meuble et sec. Sweet a observé des femelles sonder longtemps le sol avant d'y déposer leurs oeufs couverts d'une fine pilosité à laquelle adhèrent les matériaux environnants. En laboratoire, il a offert un site de ponte avec des régions comportant du sable de différentes tailles. La femelle choisissait celle où les grains de sable correspondaient à la taille de son oeuf. Z. costalis se nourrit de Carex houblon, (Carex lupulina), Potentille dressée (Potentilla recta), Chicorée sauvage (Cichorium intybus), Marguerite blanche (Leucanthemum vulgare), etc.

La nymphe (photo ci-dessous à droite) a été observée au même endroit, l'année suivante, que l'adulte des deux photos à gauche. Sweet note que les nymphes Zeridoneus et Ligyrocoris sont très semblables. En effet, l'abdomen brun violacé est finement tacheté, une bordure pâle contourne les marges du pronotum et des fourreaux alaires, la disposition des glandes odorifères est similaire. Toutefois, le premier article des tarses (→) des pattes postérieures de Zeridoneus est beaucoup plus long et le pronotum moins carré. Identification probable.
Zeridoneus costalis Zeridoneus costalis Zeridoneus costalis nymphe
Drymini
Trois genres et neuf espèces représentent cette tribu au Québec. Le lobe avant du pronotum des Drymus est distinctement et étroitement ponctué. Les antennes comportent une pilosité bien visible. Chez les Eremocoris et Scolopostethus, le lobe avant du pronotum est peu ou pas ponctué et les antennes sont nues. Les Eremocoris sont plus grandes (5,5 mm et plus) que les Scolopostethus (4 mm ou moins). Les espèces appartenant à cette tribu s'observent plus particulièrement en zone forestière, où l'humidité est bien équilibrée.
Drymus sp.
Drymus sp. nymphe Drymus unus Drymus unus
Drymus sp. probable
La nymphe a été observée à l'endroit exact où deux jours plus tard, trois Drymus unus adultes ont été observés sur la litière d'une forêt d'érables et de divers conifères. La position des glandes odorifères de l'abdomen correspond à celle de certains Rhyparochromidae. À confirmer.
Drymus unus
Vit sur la litière fraîche et moyennement humide des forêts plantées de bouleaux, d'érables avec des chênes et des caryers. Elle est plus abondante en bordure de ces forêts, si la chaleur au sol n'excède pas 26°C. Elle se nourrit de graines d'aster, de spirée, de bouleau ou de verge d'or. Elle produit une génération par année et hiberne au stade d'oeuf.
Scolopostethus sp.
Sweet décrit trois populations en Nouvelle-Angleterre qui ont des comportements, des habitats et une nourriture qui diffèrent. Elles partagent toutefois une préférence pour les lieux humides à couverture herbacée dense. L'espèce a une distribution holarctique.

S. thomsoni se distingue des autres espèces du genre par son pronotum sinueux (→) et par la bande foncée sur les ailes (→) (Blatchley, 1926).
Scolopostethus thomsoni Scolopostethus thomsoni
Scolopostethus thomsoni macroptère S. thomsoni brachyptère
Eremocoris borealis
Vit sur la litière de forêts de pruches, d'épinettes et de bouleaux. L'espèce aime les endroits frais et humides.

Lorsque Sweet a étudié les Rhyparochromidae de la Nouvelle-Angleterre en 1964, il a remarqué des comportements différents chez diverses populations d'Eremocoris ferus. Il a découvert que les individus du nord ne s'accouplaient pas avec ceux du sud, lorsqu'ils étaient mis en présence l'un de l'autre, en laboratoire. Il a noté des différences morphologiques (pilosité, longueur du rostre) entre les deux populations. Il a conservé le nom de E. ferus pour la population du sud et relevé au rang d'espèce valide le synonyme, E. borealis (Dallas), pour la population du nord (Sweet, 1977).
Eremocoris borealis
Eremocoris sp. En forêt, au sol, la punaise à gauche pourchasse celle à droite pendant plusieurs minutes. Elles disparaissent sous des feuilles.
Eremocoris borealis Eremocoris borealis
Les deux photos ci-dessus représentent le même individu. La pilosité de E. borealis, est peu développée. Le rostre atteint les hanches intermédiaires (→) alors que celui de E. ferus est plus long et se rend jusqu'à l'abdomen.
Megalonotini
Deux espèces appartenant à deux genres représentent la tribu au Québec. Les deux espèces ont une distribution holarctique. Megalonotus sabulicola est une espèce introduite mais Sweet note que Sphragisticus nebulosus pourrait être introduite ou pas. Elle a été observée en Amérique du Nord dès 1831. Les espèces appartenant à cette tribu sont adaptées à des habitats secs, tout comme le sont les espèces de Gonianotini.
Sphragisticus nebulosus
S. nebulosus habite de préférence les lieux récemment bouleversés comme les champs en friche, les bords de chemins ou de champs cultivés, les terrains vagues où prospèrent divers végétaux comme les stellaires, silènes, patiences, chénopodes, céraistes, bourses-à-pasteur, etc. Sur un site donné, Sweet a observé la succession des végétaux dans le temps et noté que la punaise y est abondante surtout durant une courte période où les plantes pionnières ont commencé à pousser mais sans envahir le terrain. Les sols nus ou à l'opposé la végétation dense créeraient des environnements moins favorables. S. nebulosus a une distribution holarctique; elle est bivoltine au Connecticut mais pourrait produire une seule génération au Québec. C'est l'adulte qui hiberne.
Sphragisticus nebulosus nymphe Sphragisticus nebulosus Sphragisticus nebulosus
L'identification de cette nymphe S. nebulosus est basée sur la présence proche d'adultes de cette même espèce. À confirmer. Le motif du dos permet de reconnaître assez facilement cette espèce. De plus, d'après Blatchley (1926), la rangée de soies noires et raides le long de la marge du pronotum est distinctive (→).
Megalonotus sabulicola
Megalonotus sabulicola a généralement les ailes longues. L'espèce aime les habitats sablonneux, chauds et secs, au sol partiellement exposé aux rayons du soleil. On l'observe dans les lieux abandonnés et mal entretenus, au bord des routes, à la lisière de champs en friche, parmi les résidus de végétaux. Elle s'alimente de graines tombées au sol et jamais sur les fruits encore sur les végétaux. Elle semble apprécier tout particulièrement les graines de diverses centaurées. En captivité, Sweet l'a aussi nourrie avec des graines de tournesol et d'onagre.

Sweet a observé que l'espèce est sensible au froid et que peu d'individus, qui hibernent au stade adulte, survivent à l'hiver. En Nouvelle-Angleterre deux générations sont produites.
Megalonotus sabulicola
Gonianotini
Trois espèces appartenant à autant de genres représentent la tribu au Québec.
Emblethis vicarius
E. vicarius vit au sol, en zones sablonneuses et tolère les chaleurs élevées. Sweet a mesuré près des punaises, des températures au sol variant entre 43°C et 50°C. On trouve dans son habitat divers végétaux dont elles se nourrissent: Andropogon, Eragrostis, Hypericum, Rumex, Potentilla, Trifolium et Carex. Au sud de la Nouvelle-Angleterre, l'espèce est bivoltine et hiberne au stade adulte. Sweet a compté les oeufs de six femelles élevées en captivité. Elles ont pondu en moyenne 181 oeufs au rythme de 6 à 11 par jour. Les oeufs sont déposés isolément, dans un substrat sec.
Emblethis vicarius Emblethis vicarius Emblethis vicarius, nymphe
Adulte Emblethis vicarius Adulte Emblethis vicarius Nymphe, stade V
Emblethis vicarius Emblethis vicarius Emblethis vicarius
Les trois photos ci-dessus représentent la même nymphe. La punaise circulait sur le sol sablonneux où son espèce a souvent été observée. Effrayée par la prise de photos, elle s'est éloignée rapidement. Toutefois, elle s'est arrêtée puis cachée après quelques secondes d'hésitation dans l'entrée circulaire d'une galerie aménagée par une guêpe, une cicindèle, ou autre arthropode.
Trapezonotus arenarius
T. arenarius vit sur des sols à végétation clairsemée mais jamais complètement nus ou ayant un couvert végétal de plus de 30 ou 60 cm de hauteur. L'espèce accepte de se nourrir de différentes sortes de semences, ne les défend pas si on tente de les lui ravir mais peut en transporter au bout de son rostre pour les consommer à l'abri.

Les adultes se déplacent à l'automne vers une végétation plus dense pour hiberner, en groupes de deux ou trois individus. L'accouplement a lieu au printemps; une seule génération est produite par année. En captivité, Sweet a observé de minuscules nymphes de stade I du Nabidae Pagasa fusca monter sur des adultes T. arenarius, les piquer derrière la tête pour les tuer rapidement et ensuite s'en nourrir. En liberté, P. fusca partage le même habitat que T. arenarius. Sweet n'a pas observé de parasites de l'espèce.
Trapezonotus arenarius femelle Trapezonotus arenarius femelle Trapezonotus arenarius mâle
Les femelles (deux photos à gauche), ont les antennes et les pattes noires. Les mâles (photo à droite), ont le premier article des antennes, les pattes avant ainsi que les deux tiers des fémurs médians et postérieurs brun-orange.
Stygnocorini
Stygnocoris rusticus et S. sabulosus, deux espèces introduites, représentent la tribu au Québec. Elles ont été observées pour la première fois en Amérique du Nord en 1909 et 1913, respectivement. Sweet pense qu'elles seraient parvenues en Amérique du Nord au stade d'oeuf, celui-ci faisant une diapause hivernale.
Stygnocoris rusticus
S. rusticus colonise les sites à l'humidité équilibrée où poussent en abondance des plantes herbacées comme l'achillée, le Bouton d'or, la Carotte sauvage, la saponaire, la tanaisie, la verge d'or, etc. Au début de l'été, les nymphes à l'abdomen rouge (voir la nymphe Drymus) vivent au sol et profitent du couvert végétal et des graines qui s'y trouvent. Plus tard en saison, on peut observer des adultes en hauteur sur les tiges, et qui s'alimentent des fruits mûrs ou s'accouplent.

L'oeuf qui a hiberné éclôt en mai. La période d'accouplement s'étend de juillet à octobre. Toutefois, la femelle pondra ses oeufs seulement après avoir été exposée au froid, de la mi-septembre jusqu'en novembre. En laboratoire, Sweet a tenté sans succès de déclencher l'oviposition en exposant des femelles à des photopériodes de 12 heures alors qu'il a réussi en les gardant dans des chambres froides à 2°C.  Les oeufs sont insérés dans la tige des végétaux ou collés à leur surface (Péricart, 1998). Les oeufs n'éclosent pas sans la diapause hivernale.
Stygnocoris rusticus
Les individus macroptères sont rares. Sweet cite des auteurs qui pensent que les brachyptères seraient plus tolérants au froid et en conséquence plus aptes à étendre leur population vers le nord.
Stygnocoris rusticus accouplement
Stygnocoris rusticus, accouplement d'une femelle macroptère avec un mâle brachyptère sur de la verge d'or à la fin septembre. Les femelles sont plus grandes que les mâles.
Liste des espèces de Rhyparochromidae du Québec
La liste des espèces a été tirée de Maw et al. (2000). Les deux espèces européennes Pachybrachius fracticollis (Schilling) et Pachybrachius luridus Hahn ont été retirées de cette liste. Capturées en 1915 à Montréal, elles n'ont pas été observées depuis, malgré une recherche active de Moore en 1950 (Sweet, 1964). Elles sont considérées comme non établies. Pour connaître les espèces présentes dans les régions adjacentes au Québec, consultez la liste de Roch (2024). La longueur des punaises provient de Blatchley (1926), sauf mention contraire. Plinthisus americanus appartient à la sous-famille des Plinthisinae; toutes les autres espèces à celle des Rhyparochrominae. La classification en tribus provient de Henry & Froeschner (1988).
Nom Tribu
Longueur
(mm)
Note
Antillocoris minutus (Bergroth) Antillocorini
Antillocoris pilosulus (Stål) Antillocorini 1,8 - 2,0
Atrazonotus umbrosus (Distant) Gonianotini 6,0 - 7,0 Ajout à Maw et al. (2000), Roch (2024).
Carpilis consimilis Barber Myodochini 2,8 - 3,0
Drymus crassus Van Duzee Drymini 6,5 - 7,0
Drymus unus (Say) Drymini 4,2 - 5,0
Emblethis vicarius Horváth Gonianotini 6,0 - 6,2
Eremocoris borealis (Dallas) Drymini
Eremocoris ferus (Say) Drymini 5,2 - 6,0
Eremocoris setosus Blatchley Drymini 7,0 -7,5
Heraeus plebejus Stål Myodochini 4,5 - 5,5
Kolenetrus plenus (Distant) Myodochini 3,0 - 3,4
Ligyrocoris caricis Sweet Myodochini 4,8- 5,2 dimensions de Sweet (1963).
Ligyrocoris depictus Barber Myodochini 5,0 - 6,0
Ligyrocoris diffusus (Uhler) Myodochini 5,2 - 7,0
Ligyrocoris sylvestris (Linnaeus) Myodochini 4,7 - 5,5
Megalonotus sabulicola (Thomson) Megalonotini 3,9 - 5,2 Ajout à Maw et al. (2000), Roch (2024). Dimensions de Pericart (1998 v3)
Myodocha serripes Olivier Myodochini 8,0 - 9,5
Neopamera albocincta (Barber) Myodochini 5,0 - 5,3 Ajout à Maw et al. (2000), Roch (2024).
Perigenes constrictus (Say) Myodochini 7,5 - 9,0
Peritrechus convivus Stål Rhyparochromini
Peritrechus fraternus Uhler Rhyparochromini 4,3 - 5,0
Plinthisus americanus Van Duzee Plinthisini
Pseudocnemodus canadensis (Provancher) Myodochini 5,5 - 6,0
Pseudopachybrachius basalis (Dallas) Myodochini 3,8 - 4,2
Scolopostethus affinis (Schilling) Drymini Première observation en Amérique du Nord (Montréal) en 2018 (Larson & Scudder, 2019)
Scolopostethus atlanticus Horváth Drymini 3,0 - 3,5
Scolopostethus diffidens Horváth Drymini 3,0 - 3,5
Scolopostethus thomsoni Reuter Drymini 3,0 - 3,5
Slaterobius insignis (Uhler) Myodochini 5,0 - 6,0
Sphragisticus nebulosus (Fallén) Megalonotini 5,0 - 5,3
Stygnocoris rusticus (Fallén) Stygnocorini 3, 0 - 3,8
Stygnocoris sabulosus (Schilling) Stygnocorini 2,5 - 3,0 syn. dans Sweet (1964), Stygnocoris pedestris (Fallén)
Trapezonotus arenarius (Linnaeus) Gonianotini 4,0 - 5,0
Xestocoris nitens Van Duzee Lethaeini 3,0 - 3,5
Zeridoneus costalis (Van Duzee) Myodochini 6,5 - 8,0

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