A - LA PONTE DES
OEUFS B - LE DÉVELOPPEMENT DES NYMPHES, LES MUES C - LA VIE D'ADULTE, L'ALIMENTATION, L'ACCOUPLEMENT |
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A - LA PONTE DES OEUFS
Quand?
La femelle pond
ses oeufs généralement à l’automne mais parfois aussi au milieu de
l’été (Aphrophora,
Clastoptera,
Neophilaenus).
Plus rarement, elle pond tôt au printemps (Aphrophora, Lepyronia), après
avoir hiberné tout l'hiver sous des débris végétaux ou cachée dans une
fente d'écorce (Hamilton, 1982d). La femelle Lepyronia
quadrangularis
hiberne et pond ses oeufs au printemps. Les nymphes devenues adultes
vivent tout l'été et ne s'accouplent qu'à l'automne (Doering, 1922).
Combien?
Généralement, les femelles ne pondent pas plus de 35 oeufs. Toutefois,
certaines espèces (Lepyronia,
Philaenus)
peuvent en pondre jusqu'à 50 (Hamilton, 1982d). En effet,
Doering a
disséqué des femelles L.
quadrangularis portant 45 oeufs. Garman a
élevé des
Clastoptera obtusa
et a établi qu'en moyenne, les femelles pondent entre 22 et 35 oeufs
(Garman, 1923). D'après
Yurtsever (2000), les femelles Philaenus
spumarius pondent entre 350 et 400 oeufs. |
OEUFS DE TROIS ESPÈCES DE CERCOPES A - Philaenarcys bilineata B - Neophilaenus lineatus C - Philaenus spumarius |
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Le
nombre relativement peu élevé d'oeufs pondus s'explique probablement
par le fait qu'une grande proportion de nymphes survivent, puisqu'elles
sont protégées par l'écume dont elle s'enveloppent. Où et comment?
Les
oeufs peuvent être insérés dans le tissu de la plante par l’ovipositeur
de la femelle qui y effectue une coupe longitudinale (Aphrophora, Lepyronia) ou en
diagonale (Clastoptera).
D'autres espèces déposent leurs oeufs dans des interstices naturels,
par exemple sous la gaine d'une aiguille de conifère, de bourgeon ou de
feuille de graminée ou sous de l'écorce (Hamilton, 1982d). |
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Garman (1923)
a étudié le cycle de vie de Clastoptera
obtusa qui vit au stade
de nymphe sur des arbres ou des arbustes (voir
hôtes).
Il a noté qu'à
l'automne, la femelle pond fréquemment légèrement au-dessus et derrière
un
bourgeon qui protège les oeufs en se développant (voir photo,
ci-dessus).
L'ouverture dans l'écorce est bouchée par une substance adhésive et
résistante. L. quadrangularis pond à l'intérieur des tissus de végétaux fanés, par exemple les feuilles basses et séchées de Solidago sp. (Garman et Doering) |
B - LE DÉVELOPPEMENT DES NYMPHES, LES MUES | ||
De
l’oeuf pondu émerge une nymphe. Celle-ci traversera cinq stades de
croissance accompagnés de mues qui ont lieu généralement à l’intérieur
même de la masse d’écume. Dès le premier stade, la nymphe s’enrobe
d’une goutte de liquide avec quelques bulles, puis d’une masse d’écume
(voir la page Production
de l’écume). Chez L.
quadrangularis,
la masse d’écume croît en proportion de la taille de la nymphe, à
chacun des stades (Doering, 1922). Le développement des nymphes dure au
moins un mois mais peut se prolonger jusqu’à trois mois si la
température
n’est pas favorable ou si la nourriture est insuffisante. Les premiers
stades de développement sont plus courts que les
derniers (Hamilton, 1982d). Les premiers stades de croissance des nymphes permettent difficilement la détermination de l’espèce. Les derniers stades sont généralement plus différenciés. |
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Les
nymphes se regroupent parfois dans une même masse de bulles. Biederman
(2003)
a démontré que le taux de mortalité des nymphes est plus bas
lorsqu’elles sont regroupées. Sur de la mauvaise herbe, on a observé
une masse d’écume de 30 cm de long qui hébergeait près de 70 nymphes.
Sur
les arbres, les rassemblements peuvent être encore plus considérables.
Dans l’un d’entre eux on a compté plusieurs centaines
d’Aphrophores (Hamilton, 1982d).
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On
peut observer dans sa masse d’écume les minuscules exuvies des
différents stades de croissance de la nymphe. En haut, trois exuvies
noires
autour d'une nymphe Aphrophora.
En bas on entrevoit trois nymphes dans un amas de bulles. La nymphe de droite est bien visible. |
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On
pourrait croire que les nymphes cercopes sont sédentaires et restent
cachées dans leur douillette masse d’écume. C’est loin d’être le cas!
Si elles jugent que l’apport de sève est insuffisant, elles partent à
la
recherche d’un hôte plus satisfaisant. Lorsqu’elles sont dérangées,
elles peuvent se déplacer et refaire une masse d’écume à un endroit
différent. Doering les décrit comme étant infatigables et
agiles (Doering, 1922). L’élevage en captivité des premiers
stades de nymphes est très
difficile car elles périssent souvent en tentant de s’échapper des
cages. À gauche une très jeune nymphe quitte son amas de bulles, après avoir été dérangée. |
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Certaines espèces effectuent leur mue au stade d’adulte dans l’écume (Neophilaenus) alors que d’autres en sortent et muent à l’air libre (Clastoptera, Aphrophora). Certains Lepyronia et Aphrophora se fabriquent, avant la mue finale, une autre masse d’écume plus visqueuse, aux bulles plus grosses et qui sèchent en formant un dôme sous lequel le cercope mue à l’état d’adulte. Il y reste jusqu’à ce que ses ailes aient séché (Hamilton, 1982d). | ||
À gauche, le cercope est en train de muer, complètement à l'abri des bulles. À droite, après avoir délicatement déplacé l'écume, on découvre Philaenus spumarius. On voit l'aile gauche en train de se déployer. Son abdomen est encore dans l'exuvie. | Ici, probablement encore Philaenus spumarius. On voit l'exuvie sur le dos, dans l'écume, à gauche de l'insecte qui est ténéral. | |
À gauche, Philaenus spumarius
entouré de l'écume dans laquelle il a récemment mué. Son exuvie est
visible dans l'écume, à l'arrière de sa tête. À droite, Lepyronia quadrangularis a mué sous le dôme d’une masse d’écume qui pend sous une large feuille de graminée. |
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Les Clastoptera muent à l'extérieur de l'écume. Photo à gauche, Clastoptera arborina délaisse sa masse d'écume qu'on entrevoit en bas de la photo. Le cercope prend position pour muer au stade d'adulte. Photo du centre, les ailes se déploient lentement. Photo à droite, l'adulte a terminé sa mue. Les couleurs typiques de l'espèce prennent quelques heures avant de se dévoiler complètement. Voir ici la séquence complète de la mue. |
C - LA VIE D'ADULTE, L'ALIMENTATION, L'ACCOUPLEMENT | ||
L'adulte cercope
est un insecte indolent qui peut rester immobile pendant des
heures, posé ou caché en dessous d'une feuille ou encore
blotti à
la jonction d'une petite branche d'arbre. Ses couleurs et sa silhouette
le rendent souvent presque invisible. Il ne s'enfuit pas
immédiatement
quand on l'approche. Toutefois, lorsqu'il se sent menacé il saute au
loin, grâce à la puissante détente de ses pattes postérieures. Parfois
il s'éloigne simplement en marchant sur la plante où on l'a surpris (Clastoptera, Aphrophora).
À droite, Aphrophora cribrata se dissimule parfaitement parmi les aiguilles d'une branche de Pin blanc. |
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Alimentation
Les cercopes
nymphes et adultes sont généralement inféodés à un ou quelques
hôtes (voir la page Hôtes).
Dans certains cas, l'hôte est unique (le
cornouiller pour Clastoptera
proteus). Le plus souvent, le cercope s'alimente de
quelques hôtes qui sont apparentés (des conifères pour Aphrophora cribrata).
Pour Philaenus spumarius,
polyphage, la liste des hôtes est très longue.
La nymphe d’un cercope a parfois un hôte différent de celui de
l’adulte. Dans le cas de Aphrophora
permutata,
présent dans l'Ouest canadien, les nymphes s'alimentent sur des lupins
et des asters et les adultes sur du pin. Ball (1901) a
observé des
nymphes seulement si leurs hôtes étaient à proximité de l'hôte de
l'adulte.
Le cercope se nourrit de la sève qui circule dans le xylème de la plante. Ce dernier transporte la sève brute (eau et sels minéraux) qui provient des racines; sa pression hydrostatique étant nulle ou négative, le cercope possède, logé dans sa face bulbeuse, un puissant mécanisme pour pomper la sève dont il se nourrit. La nymphe s'alimente en hauteur, sur la tige ou la feuille de la plante, près du sol ou même le long des racines. |
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Écume partiellement souterraine et nymphes Aphrophora sp. |
La face bulbeuse d'une nymphe Aphrophora alni à gauche et d'un adulte Aphrophora cribrata est bien évidente quand on observe l'insecte de profil. | |
Accouplement | ||
L'accouplement des cercopes peut avoir lieu quelques
jours ou quelques mois après la mue au stade d'adulte. À gauche un couple d'Aphrophora alni |
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Clastoptera
proteus:
le mâle qui est plus petit, est à gauche. |
Philaenus spumarius. | Philaenus spumarius accouplés côte à côte. |
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