Qu'est-ce
que c'est?
Un parasitoïde
est un insecte qui parasite un autre insecte, par exemple un puceron.
On l'appelle aussi
parasitoïde primaire, par opposition à l'hyperparasitoïde
(parasitoïde secondaire). Le
parasitoïde pond un oeuf à l'intérieur du puceron vivant. La
larve
s'y
développe en le dévorant de l'intérieur puis y fait son cocon.
À maturité,
l'adulte émerge du puceron momifié. Quels insectes sont
des parasitoïdes des pucerons?
Chez
les hyménoptères, plusieurs genres de guêpes parasitent
directement les pucerons. Elles font partie des
deux super-familles suivantes:
|
![]() Comportement typique de l'oviposition d'une guêpe Aphidiinae, l'abdomen recourbé vers l'avant, sous elle. |
|
Ces
guêpes sont minuscules (un à quelques millimètres
seulement), solitaires et endoparasitoïdes.
Elle parasitent strictement les pucerons, qu'ils soient aux stades de
nymphes ou d'adultes. Les guêpes de genres Aphidius
et Aphelinus
sont
utilisées dans la lutte biologique contre les pucerons. Les pucerons appartenant à la super-famille des Phylloxeroidea ne sont jamais la cible des guêpes parasitoïdes. Pour expliquer ce phénomène, on peut penser que le parasitisme a évolué après que les pucerons se soient divisés en deux groupes distincts et que seul le groupe des Aphidoidea a été exploité. ![]() Aphidiinae
Chez les Aphidiinae, la femelle pond généralement un seul oeuf
par puceron. Lorsque les hôtes se font rares, plus d'un oeuf peut être
pondu mais un seul sera viable. La femelle détermine le sexe de sa
progéniture en contrôlant l'apport de sperme et ce faisant, produit des
oeufs fertilisés ou non qui donneront respectivement des femelles ou
des mâles. Les oeufs sont relativement petits et pauvres en nutriments.
La femelle peut stocker de 200 à 300 oeufs matures dans ses
ovaires mais elle ne les réabsorbe pas lorsqu'elle ne peut pas les
pondre. Les adultes se nourrissent de miellat et de nectar provenant
des nectaires extrafloraux. Ils ne se nourrissent pas de l'hémolymphe
des pucerons. Sur le terrain, leur durée de vie ne dépasse
probablement pas deux ou trois jours. Chez la majorité des espèces,
plusieurs générations se succèdent au cours de l'été. ![]() Aphelinus
(Aphelininae)
La femelle pond un seul oeuf par puceron et évite la plupart du temps
de pondre dans un puceron déjà parasité. Contrairement aux
Aphidiinae, elle se nourrit de l'hémolymphe de pucerons et produit des
oeufs relativement gros et riches en nutriments. Elle peut les
réabsorber si elle ne peut les pondre, augmentant ainsi sa durée de
vie. Les femelles accouplées pondent des oeufs fertilisés ou non,
respectivement dans de gros ou petits pucerons. ![]() Comportement
d'oviposition très différent
Chez
les Aphidiinae,
la femelle se dresse sur ses pattes et recourbe son
abdomen sous elle, en direction du puceron. Elle plante
ensuite son
ovipositeur dans l'hémocèle
de l'hôte. Trois photos ci-dessous: pendant plusieurs minutes la guêpe pond ses oeufs dans des pucerons du genre Mindarus. Elle enfonce son abdomen plusieurs fois entre les aiguilles de la pousse du sapin où sont enfouis les pucerons. |
||
![]() |
![]() |
![]() |
Chez les Aphelininae,
la guêpe adopte une approche tout à fait différente: La guêpe s'approche du puceron en lui faisant face (photo ci-dessous à gauche). Elle se retourne prestement de 180 degrés et plante son ovipositeur dans l'hémocèle du puceron (photo au centre). Les extrémités des ailes sont alors repliées vert le haut, à la verticale (photo ci-dessous, à droite). |
||
![]() |
![]() |
![]() |
À noter que les Aphelinus se nourrissent du miellat mais aussi surtout des fluides corporels des pucerons. L'alimentation et la ponte se font aux dépens de pucerons différents. Après l'avoir percé de son ovipositeur, la guêpe s'alimente du fluide qui coule de la blessure. Le puceron est alors paralysé et peut être transpercé à maints endroits. Cette activité se répète périodiquement car les nutriments absorbés sont nécessaires à la production des oeufs. | ||
![]() |
![]() |
![]() |
Les pucerons parasités s'observent souvent seuls sur une feuille, après que la colonie ait déserté le site . Mais on les observe aussi, comme sur les photos ci-dessus, avec les pucerons sains, au milieu de la colonie. Leur taille plus grande et gonflée ainsi que leur couleur qui n'est pas typique de leur espèce permet de les repérer facilement. | ||
![]() |
![]() |
![]() |
Trois photos
ci-dessus: La larve tisse son cocon à l'intérieur du puceron qu'elle a dévoré et qui s'est momifié (photo à gauche; cliquez ici pour voir la couleur du puceron sain). Chez les Aphidiinae, la momie peut être jaune, brune ou noire. L'orifice d'émergence est de forme circulaire et les contours sont bien découpés (photo au centre). Chez les Aphelininae, la momie est noire, les contours de l'orifice d'émergence sont irréguliers et ne comportent pas de couvercles (photo à droite, de pucerons Diuraphis parasités). Trois photos ci-dessous: Une momie a été récoltée un 3 août dans une colonie de Cinara obscura sur de l'Épinette blanche (voir ici). Le 9 août suivant, la guêpe émerge du puceron par un orifice qu'elle a percé à l'arrière de l'abdomen. |
||
![]() |
![]() |
![]() |
Les photos
1 à 4 représentent des momies comme celles, bien particulières, des
guêpes du
genre Praon.
« Ils
s'empupent sous le puceron éviscéré, donnant ainsi à la momie
l'apparence d'une structure « à deux étages ». À la fin de son
développement larvaire, le parasitoïde déchire la partie abdominale du
puceron, extirpe sa tête hors de l'hôte et tisse un réseau de fils de
soie qui formera une toile externe abritant le cocon. Cette toile
terminée, la larve émerge complètement du puceron, tisse un cocon
interne et s'empupe » ![]() |
![]() Photo 1. Puceron Hyalopterus pruni sain (rouge) et momifié (à sa gauche) par une guêpe du genre Praon. |
![]() Photo 2. Les cocons observés sont généralement opaques. Ici, la larve qui s'activait à tisser le cocon était bien visible. |
![]() Photo 3. |
![]() Photo 4. |
![]() Photo 5. |
Photos 3 à 5, un même individu gardé en captivité. Sept jours plus tard, la guêpe perce un orifice circulaire à couvercle à l'avant du cocon (photo 4) et émerge (photo 5). | ||
![]() |
![]() |
![]() |
Ci-dessus, une
fourmi a été observée en train de
piller une momie. C'est difficile de déterminer si la guêpe avait déjà
émergé de la momie ou si elle a été attaquée par la fourmi. Starý ![]() |
Ci-dessus, une fourmi attaque une guêpe qui rôde autour d'une colonie d'Aphis. Les deux tombent au sol et la guêpe s'échappe. |
Résumé des différences entre les
deux sous-familles de guêpes
parasitoïdes
Tiré des articles de Petr Starý, dans Minks et Harrewijn 1988 et de Völkl et al., dans van Emden et Harrington 2007 |
||
Braconidae - Aphidiinae | Aphelinidae - Aphelininae | |
Alimentation | miellat et nectar de nectaires extrafloraux | Aphelinus: hémolymphe de pucerons |
Oeufs | pauvres en
nutriments pas réabsorbés relativement petits 300 à 1800 oeufs, en laboratoire |
Aphelinus: riches en nutriments réabsorbés relativement gros 200 à 800 oeufs, en laboratoire |
Oviposition | abdomen replié sous le corps | dos au puceron |
Couleur de la momie | jaune, brune ou noire | noire bleutée |
Orifice d'émergence | circulaire, bien découpé et présence d'un couvercle | bords irréguliers, pas de couvercle |
Émergence de la momie | située n'importe où sur le puceron | située surtout sur la région postérieure du puceron |
Haut de page | | Introduction | | Photos A à G | | Photos H à Z | | Vrai ou faux | | Prédateurs | | Parasitoïdes | | Hyperparasitoïdes | |
Galles description | | Galles par espèces | | Liste alphabétique des espèces | | Liste des espèces par groupes taxinomiques | | Références |